La datation est un élément clé de l’identification d’une photographie puisqu’elle permet de cibler une génération voir un aïeul. Le nom du photographe, son studio et son adresse sont d’autres précieuses indications puisqu’en effectuant quelques recherches sur internet, il vous sera certainement possible de retrouver la date d’activité de ce dernier, et donc cette fois encore, de cibler le lieu, la période et donc l’aïeul le plus concerné.
Le papier albuminé (1850-1920)
Conçu par Louis Désiré Blanquart-Evrard (1802-1872), chimiste, imprimeur et photographe français, le papier albuminé est présenté en janvier 1847 comme une alternative exploitable commercialement en masse. Moins coûteux et ne nécessitant que quelques secondes de pose, cette imprimerie photographique verra l’émergence du portrait-carte ou portrait carte-de-visite, breveté en 1854 par le photographe parisien André-Adolphe Disdéri (1819-1889), qui popularisa la photographie en France puis dans le monde entier, éclipsant ainsi le daguerréotype. Quelques indicateurs clés pour estimer la datation de votre photographie :

- L’épaisseur des cartons de tirage
– 0,5 mm environ : 1858-1869
– 0,75 mm environ : 1860-1885 (tirage bombé)
– 1 mm ou plus : 1890-1910
- Son découpage
– Coins carrés : 1858-1871
– Coins arrondis : 1871-1910:
– Découpages fantaisistes : 1902-1910
- Sa tranche
– Taillée en biseau : 1875-1900
– Tranche colorée ou dorée : 1886-1914
– Dentelée : 1894-1900
- La couleur du cartonnage suivant la mode
– Carton blanc (jauni avec le temps) : 1858-1869
– Gris et feu : 1861-1866
– Jaune : 1869-1874
– Couleurs pastels : 1873-1910
– Brun foncé ou noir : 1877-1887
– Gris pâle : 1902-1910
- L’encadrement ou Marie-Louise
– 1861-1869 : bordure rectangulaire près de la tranche
– 1863-1868 : ovale décoré de motifs imprimés et parfois embossés dans la carte
– 1881-1888 : motif géométrique de la même couleur que le cartonnage.
- Typographie et ornements, les marques du photographe
– 1860-1867 : Nom seul du photographe au dos
– 1860-1862 : Une ligne de texte
– 1861-1866 : Deux ou trois lignes de texte avec adresse
– 1863-1865: Caractères courbes avec des entrelacs
– 1868-1882 : Texte utilisant toute la largeur du cliché
– 1870-1900 : Caractères fantaisie, bordures, etc.
– 1881-1886 : Motifs égyptiens ou japonais
– 1860-1900 : Cartouche ou logo sur le cliché
– 1886-1914 : Signature du photographe au bas du cliché.
- 60mm x 105mm : Carte de visite
- 108mm x 64mm : Cabinet card dès 1866
- 45mm x 80mm : La Mignonnette dès 1866
La carte postale (dès 1872)
Utilisée en 1870 lors de la guerre franco-prussienne et le siège de Paris, la « Correspondance à découvert » est officiellement instituée en France à partir du 15 janvier 1873. Émise par l’État pour l’administration des postes, seules deux types de cartes sont mises en vente dans les bureaux de poste ; l’une affranchie à 10 centimes et destinée à circuler en France et en Algérie, et l’autre affranchie à 15 centimes pour une circulation de bureau en bureau. Son succès est tel que 7 412 700 d’exemplaires s’écouleront en une semaine ! Les industriels n’attendront pas l’autorisation de l’État le 07 octobre 1875 pour fabriquer les premières cartes à titre publicitaires…

- Le 4 août 1870, Léon Besnardeau (1829-1914), libraire-papetier français, créé la première carte postale française illustrée pour faciliter la correspondance avec les 60 000 soldats bretons du camp militaire de Conlie.
- En 1889, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, Léon-Charles Libonis (1841-1901), dessinateur et sculpteur français, présente la toute première carte française illustrée, « La Libonis », représentant la Tour Eiffel, qui sera tirée à 300 000 exemplaires.
- En 1891, l’éditeur marseillais Dominique Piazza (1860-1941) émet la première carte postale photographique, ouvrant ainsi la voie à la carte postale touristique.
- En 1892 apparait l' »Entier Postal », une carte avec un timbre pré-imprimé.
- En 1898 apparaissent les premières cartes illustrées artistiques.
- En 1899, apparaissent les premières cartes d’informations, photographiques et/ou illustrées, témoignant des évènements et faits historiques de l’époque (Les Frères Lumières, assassinat de Jean Jaurès…).
La carte postale connaîtra son âge d’or entre 1900 et 1920 grâce aux progrès sociaux de la Belle Époque et notamment l’enseignement public gratuit et obligatoire en 1881 qui permet progressivement à de nouvelles classes sociales d’accéder à la lecture et à l’écriture, le service de la Poste qui s’installe dans tous les villages, le développement des moyens de transports et la démocratisation du tourisme dont la carte postale aura une place majeur. Vendu dans tous les commerces, la carte postale, dont l’affranchissement est moins coûteux qu’une lettre, voit sa production passer de 100 000 millions en 1910 à 800 000 millions en 1914.
Témoin architectural et géographique unique, vecteur important d’information, tant des faits historiques que de la vie quotidienne des français, la « carte-photo » est le format de la carte postale qui remplacera le cabinet card ou carte de visite jusqu’alors prisé dans le monde faisant ainsi de ce bout de papier cartonné un acteur majeur de la diffusion de la photographie à travers le monde et dans toutes les couches sociales.
- Suite à un arrêté ministériel du 18 novembre 1903, portant exécution au 1er décembre suivant, La Poste française réglemente un nouveau type d’envoi où le verso comportera désormais deux parties distinctes, l’une réservée pour l’adresse, l’autre pour la correspondance. Le recto est entièrement consacrée à l’image. Jusque-là, le dos de la carte était exclusivement réservé à l’adresse du destinataire obligeant ainsi le particulier a écrire un mot au verso soit dans la marge laissé autour de l’illustration ou dans un coin dit « nuage », on parlait alors de « carte nuage » ou « carte nuageuse ».
- A partir de 1906, le timbre est apposé en haut à droite de l’adresse.
Entre 1895 et 1906, il était situé sur la photographie.